Histoire

L’histoire de notre commune est écrite dans de nombreux documents épars, archives communales, archives paroissiales, importante bibliographie sur l’histoire de la Savoie…
La création du site Internet de la Commune offre l’opportunité d’en faire une synthèse. Cette rubrique déroulera progressivement le fil du temps au rythme de l’avancement de cette compilation.
Avant de remonter aux premiers peuplements plausibles, plaçons le cadre.
 
 
ARBUSIGNY, Commune savoyarde du Plateau des Bornes.
 
L’histoire d’Arbusigny est étroitement associée à celle de son support administratif et culturel, La (Les) Savoie :
-En l’an 354, l’historien de l’Antiquité Tardive, Ammien Marcellin, mentionne une province “Sapaudia“ dont le nom proviendrait du celtique sap = sapin, “le pays des sapins“) ou d’un homme romain nommé (Sapaudus ?)
-En 811, Charlemagne empereur, donne en partage à son fils “Saboiam“ avec Moriennam, Tarentasiam..
 
 
Le Plateau des Bornes est une entité géographique remarquable comprise entre Allonzier et La Roche. Curieusement, il est extérieur, mais limitrophe du grand massif “Borne-Aravis“, la frontière étant sensiblement, pour nous, la route nationale Annecy-La Roche. Il existe aussi un secteur appelé “La Borne“ entre le village de “La Luaz“ sur la commune de Thorens les Glières et le hameau “Les Biolles“ sur la commune de La Roche . Homonymies, sauf erreur, encore inexpliquées.
 
En ce qui concerne notre Plateau, certains ont écrit qu’il pourrait tenir son nom des nombreuses sources issues des zones humides qui constellent la commune, (mais quel rapport ?). D’autres que « les conquérants du pays arrivant sur ce plateau ont pensé ne pas pouvoir aller plus loin, d’où borne, la limite du pays connu… ». Au choix, jusqu’à trouver plus précis… !
 
Origine du nom Arbusigny.
 
Là encore, on se trouve en présence de deux hypothèses : 
 
La première décompose le nom en deux éléments qui dériveraient du latin, “Arbu“ provenant de “arbor“, l’arbre et “igny“ provenant de “ignis“, feu.
 
La seconde relève de l’onomastique (science des noms propres). Selon E. Nègre (Toponymie Générale de la France 1990), “Arbusigny“ « proviendrait  d’un nom de domaine d’origine gallo-romain, “Albuciniacus“, dérivé avec le suffixe « -acus » du nom d’homme romain “Albucinius… Ce suffixe a donné, entre autres,  les noms terminés en “y“… »
 
Dans les deux cas, on retrouve le latin donc les Romains.
 
Avant eux, comment le brave chasseur Allobroges disait-il à ses compagnons d’équipée ou à sa femme, qu’ il comptait se rendre à Arbusigny pour “se faire“ un sanglier ou un cerf …?
 
Vers 1100, des documents de donation mentionnent : « unum mansum situm in villa Abbusinniaci » et avec des variantes « …in villa Arbusinniaci ». Il semble certain qu’une famille noble portait le nom “d’Arbusigny“ dès l’an 1200. En 1235 apparaît “Hugues d’Arbusigny“(1)
 

(1) Histoire des Communes Savoyardes, tome 2, H. Baud, J.Y. Mariotte, A. Guerrier. Ed Horvath

EN REMONTANT LE TEMPS…
 
En partant du concept vertigineux que chaque Arbusignien, de souche ou d’adoption, mort ou vif, est un maillon d’une chaîne ininterrompue depuis la nuit des temps, une brève incursion dans ces ténèbres s’impose…
 
Faute de découvertes archéologiques sur notre commune, il faut chercher dans les environs les trouvailles attestant une lointaine présence humaine.
 
Passons sur les Australopithèques et autres Homo érectus qui nous emmèneraient au moins 4 millions d’années en arrière, trop loin…
Quelle attractivité notre Plateau des Bornes a-t-il pu exercer sur les “Hommes de Néandertal“ ? Des restes de ceux-ci ont été identifiés pour la première fois dans la vallée de Néander en Allemagne ; ils seraient apparus entre 250 000 et 120 000 ans avant notre ère.
Des traces de leur existence ont été trouvées dans la grotte de Baré à Onnion.
Ils ont traversé la dernière grande glaciation dite de Wurm, -70 000 à -10 000 (maximum glaciaire atteint à – 20 000 ans). À cette époque, le glacier de l’Arve serait arrivé aux alentours d’Arthaz, et le glacier du Rhône aurait eu le pied dans le Léman à Genève.
Nous devrions à ces Hommes de Néandertal environ 4% de nos gènes. Pas de quoi s’alarmer puisque des études récentes ne semblent plus les considérer comme de sombres brutes, mais comme des êtres d’une grande richesse culturelle, l’honneur est sauf !
Une cohabitation de 10 000 ans avec Homo sapiens (notre ancêtre direct) aurait permis, selon certains, cette acquisition génétique.
 
CHRONOLOGIE
 
– 40 000 ans Néandertal couvre l’Europe.
 
– 35 000 ans, apparition d’Homo sapiens = l’Homme sage ( ?) ou Homme moderne (Cro-Magnon en Dordogne)
 
– 30 000 ans, période qui voit la disparition presque totale de Néandertal en France, il est remplacé par Homo sapiens. Les causes font l’objet de bien des hypothèses qui seront laissées aux spécialistes…
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– 11 000 arrivent les chasseurs pécheurs Magdaléniens (traces trouvées dans la grotte de la Madeleine en Dordogne), ils s’abritent dans les grottes du Salève qui recèlent des foyers, de l’outillage d’os et de pierre taillée.
 
– Vers – 5 500, C’est le Néolithique, un climat tempéré, chaud et humide s’installe favorisant la forêt, la progression des populations, la domestication, l’agriculture et l’élevage.
 
– Vers – 3 500, les populations du Néolithique gagnent l’intérieur des massifs montagneux. La Pierre aux Fées de Reignier ainsi qu’un dolmen à Pers-Jussy, détruit en 1864, auraient été érigés par ces hommes du Néolithique. Paraphrasant un personnage célèbre on peut presque affirmer : « du haut de ce dolmen, 55 siècles vous contemplent. »
 
– 1 800 à –700, c’est l’âge du bronze et du bronze final. Des découvertes de cette époque ont été faites à Etrembières, Monnetier, Arenthon, Reignier, Evires.
 
 
 
 
 
 
… PUIS ARRIVENT NOS ANCÊTRES CELTES
 
– Vers – 500, une peuplade Celte, “les Allobroges“, s’installe dans les Alpes apportant ses connaissances de la métallurgie du fer.  Ils investissent un territoire couvrant sensiblement les Savoie et le Dauphiné. C’est un peuple non homogène qui s’organise en une espèce de confédération prenant pour capitale Vienne. Il occupe aussi quelques cités importantes telles que Grenoble, Genève…
À Genève, un dignitaire, chef ou personnage important, semble avoir été particulièrement et longtemps honoré. Ses restes, datant d’environ l’an –100 ont été trouvés lors des fouilles sous la cathédrale. Celle-ci, après de multiples et profondes transformations, a englobé le tumulus d’origine de sa sépulture.
Certains historiens ont qualifié ces Allobroges de peuple parmi les plus riches de Gaule.
Ils sont sans doute, la population la plus signifiante pour le développement de notre secteur, avant les Romains.
Outre leurs connaissances en métallurgie, ils sont agriculteurs, éleveurs. Ils cultivent le seigle et un froment réputé et… ils savent faire le fromage !
Ils sont aussi des guerriers courageux qui vont tout tenter pour s’opposer à l’invasion romaine venue du sud. Leurs alliances ponctuelles avec leurs voisins Arvernes, Eduens, Salyens… ne peuvent empêcher la victoire des Romains.
 En –121, le proconsul Fabius Maximus soumet les Allobroges, il en tire le surnom d’Allobrogicus.
Quelques soulèvements contre le colonisateur se produisent en –77, -61 et –43, pour protester contre les charges imposées et les abus romains, mais ils sont vite réprimés.
Il nous reste localement l’oppidum Allobroge couvrant le sommet du petit Salève. On peut encore, après 2000 ans, en mesurer l’étendue en parcourant les vestiges des remparts.
Ce site fortifié à la manière gauloise servait de poste d’observation et de refuge pour les populations .
 
Ces ancêtres “fortes têtes“ont été diversement stigmatisés :
« Allobroge, homme grossier, lourd, qui manque de sens » (Larousse en 2 volumes 1922).
Voltaire (1664-1778) philosophe des Lumières parlait de « ces œuvres écrites en style d’Allobroge …»
Mais à chacun sa sensibilité, Joseph Dessaix 1817-1870, fondateur de la Société Savoisienne d’Histoire et d’Archéologie, leur rend un vibrant hommage au travers du “Chant des Allobroges“ aussi appelé « La Liberté » en 1856.
Ce chant deviendra rapidement l’hymne des Savoyards.
 
 
Notre curiosité patrimoniale : Le « CHEMIN RURAL dit DU SEL (ANCIENNE VOIE ROMAINE ) »…
 
C’est un chemin rural assez modeste dans son apparence actuelle. Il évolue dans un panorama particulièrement grandiose, en crête de plateau, selon un tracé sensiblement nord–sud.
L’appellation “ancienne voie romaine“ est mentionnée sur le cadastre d’Arbusigny sur environ 2,5 Km, depuis carrefour de “Lachat“ jusqu’aux confins de la commune, au de-là du Sauthy. Ce chemin rural serait une portion d’une voie reliant Annecy à Genève.
 Il existe plusieurs versions des itinéraires possibles, étudiés par différents spécialistes : MM le Chanoine C.A. Ducis vers 1863, Marteaux C vers 1907, Blondel vers 1963, Guillet … , chacun avec son idée.
Pour la petite histoire, l’un de ces itinéraires aurait, selon la tradition, traversé la crête du Salève avec pas moins de 25 cabarets sur son parcours (fameux soiffards ces Romains !)
 
L’itinéraire qui nous occupe est celui qui traverse notre commune. Il est assez bien étudié par M le chanoine Ducis.
Voilà ce qu’il en dit dans son livre « Voies romaines de la Savoie » en 1863 :
« … la tradition donne comme romaine une route empierrée (…) la dalle de grès schisteux s’y rencontre plus fréquemment avec quelques carreaux de granite (…). Elle suit ainsi dans un niveau carrossable une ligne assez droite (…) depuis Groisy par Fontaine Vive, les Dupont, Lachat sur Arbusigny, Chez Vachoux, Grange Brûlée puis, entre Esserts et Esery , vers Cesarges où on la perd (…) à Groisy, on a trouvé un débris d’inscription…  »
D’autres éléments glanés de-ci, de-là nous apprennent que « dans les bois d’Yvres on aurait en maints endroits reconnu des trottoirs (…) À L’extrémité des frontières nord d’Arbusigny, confinant Reignier, un vaste plateau entouré de bois et de marais est littéralement couvert de débris de tuiles dont plusieurs sont courbes, quelques- unes ayant des rigoles au bord…»
 M Ducis pense «  être en présence d’un reste de l’époque romaine. Ces tas de tuiles sont mêlés à de nombreux fragments de crasse de fer forgé. D’où proviennent-ils ? La tradition veut que ce terrain ait été l’emplacement d’une ville ou d’un grand centre de fabrication métallique. On voit sourdre des eaux rouges, gluantes, couleur de fer… »
Si ceci était observable il y a un siècle et demi, il ne semble rien en rester actuellement…
 
Et puis, il y a les sceptiques…
 
 « le seul itinéraire admissible (comme voie romaine Annecy-Genève) est le tracé par Cruseilles, Beaumont, Carouge… » estime M. Marteaux
 
« Les pavés retrouvés aux Aires et à Arbusigny ne paraissent pas d’origine romaine… la voie ne semble pas avoir d’influence sur le développement de la propriété foncière du plateau… » (M. Gaillard).
 
Pour tenter de conclure…
 
– Pourquoi douter de l’affirmation cadastrale : “ancienne voie romaine“ ? Certes, cette dénomination n’est pas sur la mappe Sarde de 1738 qui ne nomme d’ailleurs ni les Lieux-dits, ni les chemins. Elle provient sans doute du cadastre Français établi après l’annexion de 1860.
– La pénétration romaine s’est probablement faite suivant un axe sud-nord Annecy- Genève. Cet itinéraire est plausible.
– Si le sieur Albucinius est bien le dignitaire romain qui nous a laissé son nom, il est forcément passé quelque part !
– Romains ou pas romains, la sagesse populaire ne prétend-elle pas que tous les chemins mènent à Rome ?
Alors !
 
“L’Ancienne Voie romaine“ est aussi “Chemin du Sel“…
 
La dénomination “chemin rural dit du sel“ se retrouve sur les cadastres d’Arbusigny  de La Muraz et de Reignier-Esery. Il est identifié comme tel depuis le carrefour de “Lachat“. En passant par “Chez vachoux“, “Le Sauthy“, “Grange Brûlée“ et “Les bois d’Yvres“, il couvre une distance d’environ 5,5 km , jusqu’aux confins d’Esery où il prend le nom de “chemin des Bornes“.
 
De tout temps, le sel est une denrée de première nécessité, sans substitut, pour la consommation humaine, animale, la conservation des aliments… Pas étonnant que les gouvernants se saisissent de l’aubaine pour en faire matière à fiscalité. Les dirigeants de la Savoie ne s’en privent pas.
En 1560, le Duc Emmanuel-Philibert institue le monopole d’état de la vente du sel après avoir développé les Salines de Moûtiers connues depuis 1449.
Un édit de 1561 fixe la quantité d’achat de sel par personne et par trimestre. Cet édit nécessite un recensement paroisse par paroisse.
 Ce système est modifié en 1600 mais la gabelle reste comme impôt indirect.
 
 
 
Entre 1665 et1670, Genève institue un nouveau droit sur le passage du sel à destination du Chablais. Pour contourner la ville, les Savoyards établissent un itinéraire par Bellerive et le lac. À Bellerive, (à 7 km de Genève sur la rive du lac), «  Son Altesse de Savoye a faict bastir des maisons et magasins en forme de fort pour nuyre à ceste ville et République de Genève. »
Genève, à cette époque reçoit aussi du sel du midi.(…par la voye ordinaire qui estoit establie depuis le Regonfle et Seyssel par la route de Frangi et Leluyset…) Le détournement sur Bellerive impose aux transporteurs «… à leur grand préjudice (de) passer depuis St Julien, par dessous la montagne de Sallève, passer par dessus le pont d’Estrambiere à Annemasse et des là descharger leurs chariots, mulets et cavaliers chargés de sel au lieu appelé Bellerive distant d’environ une heure de ceste cité de Genève… » (carnet de Aymé Gallatin, contrôleur des sels).
 
En 1720, Victor-Amédée II, rétablit la régie directe. Il impose à chaque famille la quantité d’achat annuel de sel.
Les “consignes“ recensent les “gabellants“ (contribuables) assujettis à la “levée du sel“. Ces documents sont établis par “le secrétaire de la communauté“.
“Le regrattier“ vend le sel au détail aux gabellants, contre rétribution au poids
Une vingtaine de “greniers à sel“, tenus par “les commis de l’entrepôt à sel“sont mis en place sur le territoire du duché.
 
Selon le livre de J.P. Bergeri “Histoire de Moûtiers, capitale de la Tarentaise“(éditeur : La Fontaine de Siloé) , «  la voiture des sels de Tarentaise quittait Moûtiers pour desservir les relais de l’Hôpital (Albertville), Ugine, Faverges, Annecy, Le Plot, Arbusigny, Mornex et Bellerive. Le service était assuré par des entrepreneurs établis dans chaque relais, qui souscrivaient un acte de soumission devant l’intendant (…) L’entretien des routes parcourues par la voiture du sel était l’objet d’une attention spéciale. L’entrepreneur avait le droit de requérir les particuliers, non seulement pour réparer les chemins, mais pour faire les transports sous ses ordres, et si ces prestataires manquaient d’empressement, la menace ne tardait guère (contrainte par envoi de brigade et exécution militaire… 1751) »
 
Comme nous l’avons vu ci-dessus, ce sel provient des Salines de Moûtiers. Arbusigny dépend du grenier à sel de La Roche, probablement approvisionné depuis le relais situé sur notre commune qui s’est dit au Souget (?). Dans ce cas, il impose un détour pour repartir sur Mornex – le prochain relais – mais il est bien placé sur la route de La Roche.
 
Cette voie a été importante pour le secteur. De mémoire, quatre cafés existaient : deux à “La Moussière“et deux “Chez Gantelet“ sur une distance de 250m.
Si l’itinéraire pouvait être adapté à la contrebande, il semble bien à découvert pour exercer “cet art“ en sécurité et discrétion…
 
 
Depuis les temps immémoriaux, brassage, intégration ou assimilation sont des constantes.
D’invasions en guerres de conquêtes, qui peut se dire rigoureusement autochtone, Arbusignien, Savoyard, Français… de souche ?
Aussi loin que le feuillus de son arbre personnel peut remonter, il reste encore au dessus un abîme insondable.
Tant mieux !
 
LA COLONISATION ROMAINE.
 
Quand les Romains arrivent en provenance du sud au cours du 2ème siècle avant J.C., lesAllobroges “tiennent province“ sur, approximativement, les territoires actuels des Savoie et du Dauphiné. La capitale en est Vienne, sur le Rhône.
Fabius Maximus, alias Allobrogicus, va réduire nos fiers Allobroges des basses vallées à l’état de “population conquise“ en 121 avant J.C.
Conquise militairement certes, mais également conquise facilement par le mode de vie romain. Les montagnards y seront moins sensibles, ils résisteront plus longtemps. Montagnes moins attractives, contacts moins fréquents, en 31 avant JC cependant, l’affaire est classée, les romains sont les maîtres.
En moins de 3 générations, l’assimilation se fait par adoption de la langue et des habitudes romaines. Tout en se pliant à l’autorité, ils ont dans la cité, une certaine autonomie.
Les “Celtes-Gaulois-Allobroges“ romanisés fourniront des légionnaires loyaux aux armées romaines. Tous deviendront citoyens romains en 121 après J.C.
 
Sur notre commune, nous ne trouvons pas (ou plus) de trace de “villae“ romaine, cette vaste exploitation, cœur d’une activité économique intense ; alors, “Albuciniacus“, peut-être, mais où ? 
Rien de connu non plus, jusqu’à présent, n’atteste absolument la présence Allobroge.
Le plateau des Bornes n‘était pas très peuplé à cette époque, doit-on pour autant l’imaginer uniquement recouvert de forêts  sans âme qui vive ?
 
La “pax romana“ installée n’est pas de tout repos.
En 260 après J.C. les Alamans détruisent Boutae (Annecy).
En 313, la liberté de culte est donnée aux chrétiens par l’empereur Constantin. Le Christianisme pénètre lentement dans les campagnes.
Dès 395, une vague de barbares, Alains, Suèves, Vandales … de tous poils ravage la Gaule ébranlant la tranquillité romaine.
En 406, une nouvelle peuplade venue de Scandinavie via l’Allemagne, les Burgondes, participe à ces invasions. Ils sont à leur tour durement décimés par les romains opportunément alliés aux Huns (commandés par le célèbre Attila). Cette alliance curieuse est une manoeuvre du général romain Aetius qui craint les Burgondes et leur tendance à l’expansionnisme, non sans raisons…
 
DE BURGONDIE EN BOURGOGNE…
 
En 443, Aetius attribue autoritairement la Sapaudia peuplée d’environ cent mille habitants aux rescapés Burgondes estimés à 25 000.
Les domaines sont partagés proportionnellement avec les habitants des lieux suivant une répartition d’environ 2/3 au nouvel arrivant burgonde et 1/3 restant à l’autochtone.
Ainsi se forme la “Nation Burgonde“ (Burgondie) ou “Premier Royaume de Bourgogne“ qui s’étend du nord de Dijon au sud d’Avignon et de Nevers à l’ouest jusqu’à Yverdon en Suisse, à l’est. Il est constitué de 30 “pagus“ dirigés par des comtes. Deux rois, frères, l’administrent, Gondioc tient sa cour à Lyon, Chilpéric 1er  s’établit à Genève.
Sur ce territoire peuplé de “celto-gallo-romains“, l’intégration des burgondes assez paisibles semble avoir été naturelle.
Des centaines de tombes burgondes ont été trouvées et fouillées à La Roche sur Foron (La Balme et Charny), elles ont mis à jour objets usuels et parures .
Ils sont païens à l’origine, convertis au  christianisme.
Les noms de lieux terminés en “inges“ seraient des toponymes burgondes, ils sont nombreux sur Reignier (Pollinges, Arculinges, Marsinges…), mais cette étymologie est controversée…
 
En 534, le royaume burgonde passe aux mains des Francs (mérovingiens). Leurs querelles de famille les affaiblissent considérablement au cours du temps. 
 
En 751, les carolingiens arrivent au pouvoir. Ils sont les unificateurs  d’un immense empire qui sera partagé entre les trois petits fils de Charlemagne.
À partir de 806, apparaissent les noms de “Chablais, Faucigny, Genevois…
Dans un empire immense et fragilisé, le pouvoir de l’Eglise (via les évêques) et des seigneurs laïcs féodaux s’installe naturellement.
Les paysans se placent sous la protection d’un seigneur dans ces périodes sans cesse troublées, notamment par de dures incursions sarrasines (musulmans venus du sud de 920 à 972), mais ceux-ci ne s’installent pas durablement.
 
DE ROYAUME DE BOURGOGNE EN MAISON DE SAVOIE.
 
Le partage de l’empire de Charlemagne, mort en 814 provoque la formation du “Second Royaume de Bourgogne“. Il est placéen 888 sous l’autorité de Rodolphe 1er et successeurs, jusqu’à Rodolphe III qui meurt en 1032. Celui-ci n’ayant pas d’héritier, le royaume (dont la Savoie) passe aux mains de Conrad II empereur du Saint Empire Romain Germanique. 
 
Humbert “aux blanches mains“ comte de Savoie, proche de Conrad,  possède la Savoie propre. Il est le fondateur de la “Maison de Savoie“ et  décède en 1048.
Annecy, La Roche et Arbusigny, entre-autre, font partie du genevois. Ceterritoire inclus géographiquement dans le comté de Savoie demeure cependant une enclave possédée par le comte de Genève. Par contre Genève, l’ancienne capitale des rois burgondes, est inféodée à l’évêque du lieu. Les destinées de nos braves prédécesseurs sont donc dans les mains des comtes de Genève.
 
On ne peut qu’imaginer et compatir à la vie difficile des habitants d’Arbusigny pendant cette période du moyen-âge. Ils n’en ont sans doute pas su grand chose des fluctuations incessantes du pouvoir, des guerres et des morcellements du territoire.  Pour eux, survie, évitement des querelles qui les dépassaient et payement des impôts devaient être leurs lourdes tâches quotidiennes…
C’est (enfin) vers 1100 qu’apparaît le nom “d’Arbusigny“…
À suivre donc !
RE
Bibliographie et sources : “Histoire de Savoie“ P. Guichonnet, Gardet éditeur à Annecy. “Le Genevois“, M.T. Hermann. Sté Savoisienne d’Histoire et d’archéologie à Chambéry. “Le Pays des Forons“, M. Pittion guide du patrimoine, “Les Amis du Vieux La Roche“.